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LE NOËL ISLANDAIS

Article du 24 décembre 2020 (MAJ 2023)
Auteur : Jean-Yves Petit

Jól au temps des vikings

Bien avant l’adoption du christianisme en l’an 1000, les vikings célébraient déjà Noël en Islande. Elle portait le nom de Jól (ou Yule), qui annonçait le solstice d’hiver et l’inversion de la course du soleil augurant le rallongement des journées. La fête durait alors de nombreux jours, où les beuveries, jeux et joutes parfois violentes se succédaient.  Il existe quelques sagas islandaises mentionnant la fête de Jól sans pour autant la relier à un rite religieux. En amont des fêtes de Jól, les vikings abattaient un mouton ou un bœuf et brassaient de grandes quantités de bière de malt. Les chefs invitaient alors beaucoup de monde lors de festins bien arrosés dans des maisons très décorés et offraient des cadeaux aux invités lors de leur départ. La décoration revêtait déjà une importance et montrait le statut d’importance de l’hôte.  Sous cette forme, les festivités de Jol perdurèrent jusqu’à la Réforme protestante imposée violemment par les danois en 1555, dont l’austérité mit fin à toute manifestation de plaisirs en Islande.

La tradition de  Noël en Islande (Jól) de nos jours

De nos jours, Noël en Islande (Jól) est devenue une fête familiale qui dure 13 jours, tout en conservant quelques-unes de ses traditions ancestrales, notamment culinaires. Même si c’est de moins en moins le cas, traditionnellement, ces festivités se déroulent ainsi :

Le 23 décembre, beaucoup de familles se réunissent pour manger un plat de raie fermentée C’est aussi bien souvent une journée de shopping pour les cadeaux de dernière minute puisque les magasins restent ouverts jusqu’à minuit.

Le 24 décembre, le réveillon se passe bien souvent avec la famille proche. Les plats proposés sont les plus traditionnels : le Hangikjöt ou mouton fumé, la Kjötsúpa ou soupe de mouton, le Hamborgarhryggur ou roti de porc fumé et le Laufabrauð, une galette de pain finement ciselée. Après ce repas, c’est alors le moment de l’ouverture des cadeaux par les enfants.

Le 25 décembre est normalement consacré à la famille, et principalement les oncles et tantes et les cousins.

Le 26 décembre, le lendemain de Noël, la fête continue avec les amis proches. Là on danse et on mange les restes.

Le 31 décembre, le 8e jour de Jól est une nuit magique où la tradition rapporte que les vaches parlent, les phoques prennent forme humaine, les morts sortent de leur tombe et les elfes déménagent. Quant aux humains, ils boivent et dansent sous les feux d’artifice, très nombreux dans toutes les communes et tirés directement par les particuliers.

Le 6 janvier, le dernier jour de Jól est fêté avec des feux de joie géants, des chants et danses traditionnels et parfois même des feux d’artifice.

Les 13 pères Noël ou Jólasveinarnir

Les jeunes islandais ont la chance d’avoir non pas 1 mais 13 pères Noël, les Jólasveinar ou Yuletide Lads. Il est à noter que la traduction « pères Noël » n’est pas exacte car il s’agit en réalité de lutins farceurs, descendants de trolls, qui vivent dans la montagne bleue Bláfjöll près de Reykjavik. Enfants de la terrible ogresse Grýla et du paresseux Leppalúði qui reste couché pendant que sa femme parcourt la lande pour attraper les enfants méchants… qu’ils dévoreront ensuite ! Ce charmant couple possède également un chat, Jólaköttur ou « chat de Noël », qui est tout aussi terrible. Aussi redoutable qu’Azraël, le chat de Gargamel (on peut penser qu’Azrël en est inspiré), il capture ceux qui ne portent pas de vêtement neuf la nuit de Noël. C’est d’ailleurs pourquoi, les enfants reçoivent toujours en cadeau au moins un vêtement neuf. Il faut bien comprendre que ces trois personnages, toujours très présent dans le folklore islandais, ont terrorisé des générations entières d’enfants islandais.

L'ogresse Grýla et l'ogre Leppalúði dans le folklore de Nôel islandais

Leppalúði etGrýla, les méchants parents des 13 Jólasveinar

Jólaköttur, l'affreux chat de Noël, dans le folklore islandais

Leppalúði etGrýla, les méchants parents des 13 Jólasveinar

les Jólasveinar

les Jólasveinar, bien moins méchants que leurs parents et leur chat sont surtout particulièrement espiègles et jouent de vilains tours et commettent de menus larcins. Un par un, ils descendent de la montagne pour se rendre en ville du 12 au 24 décembre puis repartent l’un après l’autre jusqu’au 6 janvier. Bien heureusement pour les petits islandais, ces 13 lutins de Noël ne sont pas que des farceurs et sont surtout bien gentils en comparaison de leurs affreux parents et de leur chat. Ils déposent aussi des sucreries et des petits cadeaux dans les chaussures des enfants sages tandis que les méchants y trouvent une vieille pomme de terre pourrie. Pour avoir un maximum de chance d’obtenir un petit cadeau, les chaussures des enfants doivent être placées sur le rebord de la fenêtre 13 jours avant Noël. Ainsi jour après jour, les petits islandais, lorsqu’ils ont été bien sage, ont un petit cadeau qui les fait patienter jusqu’aux véritables cadeaux de Noël. Même s’il ne passe pas pas systématiquement dans toutes les familles, Il est intéressant de noter qu’est apparu, après la crise financière de 2008, un nouveau lutin Kortaklippir « coupeur de carte bancaire », qui agit lorsque les parents on explosé leur budget en cadeaux de Noël !

Stekkjastaur

Le 12 décembre, Stekkjastaur est le premier à se présenter dans les foyers. Il se glisse dans les bergeries et rend les moutons fous.

Giljagaur

Le 13 décembre, c’est au tour de Giljagaur de s’inviter dans les foyers pour s’introduire dans les crémeries pour voler le lait de vache.

Stúfur

Le 14 décembre, Stúfur s’introduit dans les maisons durant la nuit pour gratter les fonds de casseroles pour en manger les restes.

Þvörusleikir

Le 15 décembre, Þvörusleikir se glisse dans les cuisines et lèche les cuillères en bois qui ont servi à touiller.

Pottasleikir

Le 16 décembre, Pottasleikir vient se faufiler durant la nuit pour lécher les casseroles et les marmites.

Askasleikir

Le 17 décembre, Askasleikir, le lécheur de gamelles, se cache sous les lits et mange la nourriture du chien ou du chat.

Hurðaskellir

Le 18 décembre, Hurðaskellir s’introduit dans les maisons et fait un boucan d’enfer en claquant les portes pour empêcher les enfants de dormir.

Skyrgámur

Le 19 décembre, le glouton Skyrgámur descend de la montagne afin de manger du Skyr (Yaourt islandais) à s’en faire éclater la panse.

Bjúgnakrækir

Le 20 décembre, Bjúgnakrækir qui adore les saucisses se faufile dans les maisons et pille le frigo pour engloutir toutes celles qu’il contient.

Gluggagægir

Le 21 décembre, Gluggagægir le curieux espionne par la fenêtre l’intérieur des maisons afin de voler les jouets qu’il trouve jolis.

Gáttaþefur

Le 21 décembre,Gáttaþefur, renifle sous les portes car Il adore l’odeur des gâteaux de Noël et s’ils sentent bons, il tentera d’en chiper un ou deux.

Ketkrókur

Le 23 décembre, Ketkrókur, le crocheteur de viande essaie de voler des morceaux de moutons fumés par la cheminée à l’aide d’un crochet.

Kertasníkir

Le 24 décembre, le dernier des lutins, Kertasníkir, le souffleur de bougies souffle toutes les bougies le soir du réveillon pour plonger la maison dans le noir pendant que les parents disposent les cadeaux sous l’arbre de Noël.

fanfare traditionelle de Noël à Heimaey, sud de l'Islande

Fanfare de Noël à Heimaey sur les îles Vestmann