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LA COLONISATION ET L’ÉTAT LIBRE D’ISLANDE

Article du 12 avril 2020 (MAJ en 2024)
Auteur : Jean-Yves Petit

 

Eiríksstaðir, ferme d’Erik le rouge, lieu de naissance de Leifur Eiriksson

LA COLONISATION DE L’ISLANDE

La période de la colonisation à l’État libre d’Islande s’étale de l’an 870 à l’an 1264 environ. Sa première partie, la colonisation de l’Islande s’étalant elle de l’an 870 à 930. L’Islande ne semble pas avoir été connue de l’Antiquité. Contrairement à une idée souvent répandu, Il n’est guère probable, en effet, que ce soit la « Thulé » de Pythéas.

Il est en revanche établi que sa découverte fut le fait de moines irlandais du VIIIe siècle à la recherche d’îles désertes pour y vivre en ermite. L’île fut d’ailleurs mentionnée pour la première fois vers 825 par le géographe irlandais Dicuil. Ces moines celtiques fréquentaient encore l’île quand les premiers scandinaves y arrivèrent.

Les sources du XIIe siècle, seules précises, attribuent à un Suédois établi au Danemark le premier voyage sur l’île. Ce navigateur aurait été détourné par une tempête alors qu’il se rendait aux Hébrides. Il est probable qu’à la vue des grands glaciers, il donna le nom à l’île son nom actuel qui signifie « le pays de glace ». Mais ce furent des Norvégiens qui explorèrent le pays pour la première fois lors d’un premier hivernage en 865. Le peuplement lui, ne commença que vers 870 sur le site actuel et les environs de Reykjavík.

Face à un manque de terre vierge cultivable en Norvège, L’Islande offrait aux Norvégiens une terre absolument vide, riche en pâturages et en pêcheries, et relativement peu froide, malgré sa latitude, même si la culture n’y était pas possible. Malgré la rudesse, les premiers colons firent des récits enthousiastes et suscitèrent une forte immigration. Les tous premiers colons islandais furent surtout des chefs de la Norvège occidentale, qui supportaient mal le pouvoir royal naissant. Ils vinrent accompagnés de leurs familles et de très nombreux esclaves avant d’être rejoint par une petite minorité danoise, puis par des colons vikings des îles britanniques.

histoire de l'islande, le blog : Le site du parlement historique de Pingvellir

Þingvellir, lieu de lalthing annuel, le parlement de l’État libre d’Islande

L’histoire de la colonisation a été conservé par un précieux recueil compilé vers la fin du XIIe siècle, la Landnámabók (Livre de la colonisation). il énumère plus de mille immigrants, venus entre 880 et 930 environ, dont quatre cents chefs ; leurs descendants ont dominé toute l’histoire islandaise jusqu’au XIVe siècle. On estime que l’Islande médiévale, à la fin de la colonisation, pouvait compter de 30 000 à 40 000 habitants.

DE LA COLONISATION A L’ÉTAT LIBRE D’ISLANDE

La société islandaise a conservé à travers le Moyen Âge un caractère unique, mêlé d’une empreinte aristocratique importante issue des premiers colons, d’un individualisme des chefs de clans, d’une méfiance envers toute autorité politique. Rapidement, les colons, d’abord indépendants les uns des autres, se regroupèrent autour de chefs de canton, de nature surtout religieuse (godhi), avant de constituer vers 930 un embryon d’État républicain représenté par une assemblée plénière des hommes libres, l’Althing, siégeant annuellement pour 15 jours en plein air dans le site majestueux de Þingvellir (« plaines de l’assemblée »), au sud-ouest de l’île.

la particularité de la période de la colonisation à l’État libre d’Islande mais également sans doute sa faiblesse était qu’elle ne comportait aucune organisation militaire, financière ou administrative, ni même un véritable pouvoir exécutif. Le chef nominal, « L’homme qui dit la loi » (lögsögumadhr), n’était qu’un expert juridique, tout au plus un arbitre, et les althing se terminaient quelquefois en bain de sang, même si globalement, des négociations pouvaient mettre fin à la Vendetta (le droit à la vengeance) ou aux conflits territoriaux et de droits privés. Plusieurs réformes ne réussirent jamais à donner à ce système une réelle efficacité.

UNE AUTONOMIE RÉELLE LIMITÉE

Sur le plan économique également, l’île occupe une place à part au moyen-âge scandinave. Uniquement agricole, avec, contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, un faible apport provenant de la pêche, son économie était incapable de faire face à plusieurs besoins vitaux, les céréales et le bois durent toujours par exemple être importés, de Norvège le plus souvent. De toute cette période, il n’y eut jamais ni villes ni villages ; le commerce et l’artisanat restèrent cantonnés dans le cadre de fermes se suffisant à peu près à elles-mêmes. Les minces ressources d’un élevage transhumant de bovins, de chevaux et de moutons n’autorisaient presque aucune exportation. La monnaie restait inconnue. Tout cela donnait en réalité à l’indépendance de l’île des limites assez étroites, puisqu’elle ne pouvait survivre sans les importations norvégiennes.

LA FIN DE L’ÉTAT LIBRE D’ISLANDE

Le XIIIe siècle fut un temps de troubles et de conflits permanents. Les grandes familles, surtout celle des Sturlungar, dans l’Ouest, armant des bandes de paysans pauvres, se lancèrent dans des vendettas sans fin que la procédurière justice islandaise ne put apaiser. Ces divisions favorisèrent l’intervention des rois de Norvège et principalement de Håkon IV Håkonsson (1217-1263) qui se fit de plus en plus pressant au sujet de sa demande de soumission à la couronne norvégienne.

Le clergé islandais, en quête de plus pouvoir, choisit alors d’appuyer ses revendications, que de plus la situation économique désastreuse rendait irrésistibles. Entre 1262 et 1264, les différentes parties de l’île acceptèrent donc se soumettre à la couronne de Norvège. Ce fut alors la fin de l’état libre d’Islande.

LA CONVERSION AU CHRISTIANISME

Le fait majeur de l’histoire de l’Islande libre fut la conversion au christianisme. Les premiers missionnaires apparurent vers 980. En l’an 1000, la pression du roi de Norvège Olaf Tryggvason décida l’Althing à adopter officiellement le nouveau culte. En remerciement de cette conversion spontanée, bien des pratiques païennes restèrent longtemps tolérées, comme les sacrifices privés ou les expositions d’enfants. L’Église ne s’enracina vraiment que lorsqu’un Islandais, Isleif Gissurarson, eut reçu à Brême en 1056 la consécration épiscopale. Après 1108, l’île fut divisée en deux diocèses, Hólar et Skálholt, et environ trois cents paroisses. Son clergé ne participa que de loin à la vie générale de l’Église catholique, et, par exemple, n’adopta jamais réellement le célibat. En Islande, il fut plutôt le guide intellectuel et souvent aussi politique de la population et c’est sous son influence, par exemple, que l’esclavage disparut sur l’ile vers l’an 1100.

La véritable grandeur historique de l’Islande médiévale est d’ordre intellectuel. La réussite en ce domaine fut extraordinaire, paradoxale, mettant cette île reculée au tout premier rang du monde occidental. Car contrairement à toute la chrétienté latine, l’Islande s’exprima toujours dans sa langue nationale, une variété de nordique occidental, le norrois  qui n’a guère évolué depuis le XIIe siècle. Cela ne l’empêcha pas de suivre de près le reste de l’histoire de l’Europe, surtout quand l’historien Saemundr Sifgússon, dit le Savant, ancien élève des écoles de Paris, s’installa à la ferme d’Oddi, dans le Sud-Ouest de l’Islande.

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LEIFUR EIRIKSSON, LE VÉRITABLE DÉCOUVREUR EUROPÉEN DE L’AMÉRIQUE

Bien avant Christophe Colomb, hélas toujours décrit dans les manuels d’histoire comme étant le découvreur européen du continent américain, Leifur Eiriksson, né en Islande vers 970 à Eiríksstaðir, dans la ferme de son père Erik le rouge, fut en réalité très certainement le premier Européen à avoir découvert l’Amérique du Nord continentale. Son père, Erik le Rouge, avait d’ailleurs été avant lui le fondateur de la première colonie viking au Groenland. Les sagas des Islandais, dés le XIIIème siècle, et plus précisément les sagas du Vinland, relatent la découverte par Leifur Eiriksson de terres situées au-delà du Groenland, couramment identifiées aux côtes du nord-est de l’Amérique du Nord, aux alentours du Labrador et de Terre-Neuve. Il y établit une colonie nordique à Vinland, identifiée depuis par des découvertes archéologiques comme probablement L’Anse aux Meadows, et il est probable qu’il ait exploré les zones autour du golfe du Saint-Laurent.

Située au pied de Hallgrímskirkja, la statue de Leifur Eiriksson fût offerte par les États-Unis d’Amérique en 1930, pour le millième anniversaire de la création du parlement. Elle est donc la preuve que les USA savaient, depuis 1930 au moins, que Leifur Eiriksoon avait découvert l’Amérique bien avant Christophe Colomb !